vendredi 24 juin 2011

Stop ou encore ?

Grégoire, étudiant dans une petite école d’ingénieur, vivait depuis trois ans avec Delphine. À la fin de son cursus académique, il partit quelques mois au Mexique pour effectuer son stage de fin d’étude. La séparation fut douloureuse à l’aéroport… mais il n’y eut pas de retrouvailles cinq mois plus tard. Le couple s’était rendu compte progressivement qu’ils ne se manquaient pas l’un à l’autre, que l’espacement entre deux coups de téléphone sur Skype croissait, qu’ils ne partageaient pas grand-chose finalement. Il avait fallu cet éloignement pour qu’ils s’en rendissent compte. 

Quant à Sébastien et Lucile, ils se sont un jour aperçus que, s’ils vivaient ensemble, ils sortaient la plupart du temps chacun de leur côté avec leur propre bande d’amis, partageant finalement peu de choses. Ils se sont alors demandé si leur vie de couple avait un sens et ont décidé de partager plus de temps en commun, de faire de leur couple une priorité par rapport aux loisirs individuels qu’ils privilégiaient jusqu’ici. Puis ils ont choisi de se pacser comme signe de leur réel engagement.

dimanche 5 juin 2011

"On se voit quand on a envie de se voir"

Sophia, 23 ans, est professeur de musique tandis que son compagnon, Tim, 27 ans, est commercial. Ils vivent tous les deux à Angers, mais quelques centaines de mètres séparent leurs deux appartements. Ils se fréquentent depuis plus de deux ans maintenant, mais font le choix de se préserver chacun un espace propre. 

Interrogés sur les raisons présidant à leur décision, ils se montrent intarissables : « On se voit quand on a envie de se voir et on ne se voit pas quand on n’a pas envie de se voir », « On conserve chacun un endroit à soi, c’est pas vraiment comme un jardin secret parce qu’on partage beaucoup de choses, mais ça permet de se retrouver », « Il y a aussi un côté où l’un invite l’autre chez soi : ce n’est pas comme rentrer chez soi comme tous les soirs avec ses gros sabots ! », « Des fois on est aussi en décalage, quand Tim doit se lever tôt et que moi je ne bosse pas le matin, c’est plus pratique, je peux dormir plus longtemps », « Quand on s’engueule pour un truc, pas besoin de se taper dessus, chacun rentre chez soi et puis on s’en reparle tranquillement le lendemain, ça fait tampon »… 
Tim, quant à lui, donnait toutefois l’impression d’avoir un peu plus envie que sa compagne de ne plus retarder la cohabitation totale prévue pour le jour où ils commenceront sérieusement à penser à avoir des enfants. 

lundi 9 mai 2011

Quand les jeux créent du lien...

Une agence de publicité décide de fusionner ces quatre filiales : l’agence de publicité classique (pour la télé et la radio), l’agence de marketing direct (la publicité sur les lieux de vente par exemple), l’agence de street marketing (la publicité qu’on trouve dans la rue) et l’agence spécialisée dans la publicité sur Internet. L’ambition des dirigeants était belle sur le papier : faire des économies d’échelle et proposer des offres globales aux clients. Ils n’ont alors plus qu’un mot à la bouche pour que, désormais, tout le monde travaille ensemble : la transversalité. Sauf qu’elle ne se mit pas en œuvre d’un coup de baguette magique : il y a publicitaire et publicitaire, tous ne sont pas valorisés à la même enseigne.

Au bout de quelques mois, une enquête montra que seule une bande de jeunes collaborait : quelques collègues avaient sympathisés autour de leur passion pour les jeux vidéo en ligne qu’ils pratiquaient le week-end mais aussi parfois la semaine sur leur temps de travail. Cela leur avait permis de dépasser les préjugés des uns sur les autres pour unir leurs compétences plutôt que de travailler en silos ou de dauber sur le métier de l’autre.

samedi 7 mai 2011

"Ce n'est pas possible !"

Micha est étudiant d’origine serbe dans une prestigieuse école de commerce. À la fin de son stage de fin d’études dans une grande banque d’affaires, son manager le prend dans une salle à part et lui annonce avec un grand sourire qu’on va lui proposer une offre d’emploi à 50 K€ (primes non comprises). Micha le remercie pour la confiance que lui accorde son employeur et indique qu’il va réfléchir. Le manager lui demande alors de répéter : il a dû mal entendre, il ne comprend pas qu’il puisse réfléchir au lieu de signer tout de suite ce pont d’or. Car son manager est persuadé que la France entière rêve qu’on lui propose un tel poste.

Trois jours plus tard, quand Micha lui apporte une réponse négative, le chef est tellement surpris qu’il doit s’adosser à un mur. Il le regarde dans les yeux et lui tient ce discours : « Attends, Micha, tu n’as pas compris. On te propose de rejoindre X, une des toutes plus grandes banques d’affaires mondiales, avec un salaire à la clé tout de même intéressant pour un débutant, et toi tu dis non ! Ce n’est pas possible. C’est le montant des primes dont tu voudrais discuter ? ». Micha eut beau lui expliquer qu’il n’avait pas l’intention de poursuivre le rythme horaire de neuf heures du matin jusqu’à minuit suivi pendant ses six mois de stage, qu’il aspirait à une carrière un tout petit peu plus calme, le manager ne put jamais l’entendre et, malgré le fait qu’il était overbooké, le retint une demi-heure dans son bureau pour lui tenir un discours ponctué de « ce n’est pas possible ! ». Pour ce banquier, qu’un jeune refuse d’exercer le même métier que lui n’était tout simplement pas concevable. C’était comme si le gagnant du Loto refusait de toucher son gain.  

mardi 3 mai 2011

Les avantages de la "colocation" avec ses parents

Aymeric, 27 ans, ingénieur en poste depuis deux ans habite encore chez ses parents. Remarquez, il a une excellence excuse : son travail est tout proche du domicile parental, ce serait idiot de prendre un studio dans la rue d’à côté ou d’augmenter son temps de trajet. Sa copine terminant ses études à l’étranger, il n’est pas pressé d’emménager seul, d’autant que ses parents, à la retraite mais hyperactifs dans le monde associatif, sont peu présents. Le frigo est toujours rempli et ce n’est pas lui qui paye ou très rarement. Il emprunte à volonté la vieille voiture dont ses parents ne se servent plus. Il a ainsi l’impression de bénéficier des avantages de la colocation avec ses parents sans en supporter les inconvénients. Certes, sa mère râle parfois parce qu’il oublie de prévenir s’il dîne à la maison ou pas et lui reproche de se comporter comme à l’hôtel, déposant son linge sale et le récupérant repassé après le passage de la femme de ménage sans se soucier plus que cela des tâches ménagères, mais les remontrances ne vont pas au-delà et il donne volontiers un coup de main à ses parents en échange quand il s’agit de les déposer à la gare ou d’ouvrir au plombier.

Moqué par quelques camarades qui le surnomment Tanguy, Aymeric annonce depuis des mois qu’il va se mettre en quête d’un studio, mais fait plus semblant de chercher qu’autre chose. La perspective de devoir payer un loyer au lieu d’économiser en vue de devenir un jour propriétaire ne l’enthousiasme guère. Finalement, ce qui va le mettre le pied à l’étrier, c’est qu’un ami en déplacement professionnel lui prête son appartement pour quelques mois. Il prit alors goût à l’indépendance totale.

lundi 2 mai 2011

Un permis pour les parents ?

Faudrait-il instaurer un permis pour avoir le droit d'avoir des enfants ? Cette idée est suggérée par Anne-Claire, 23 ans, brillante scolairement parlant mais un peu perdue dans la vie, tout comme son frère qui avait décidé sur un coup de tête d’arrêter ses études, entreprises pour plaire à ses parents mais où il s’ennuyait copieusement, pour devenir moniteur d’escalade dans le sud de la France.

Son raisonnement, loin d’être idiot même si l’idée paraît saugrenue au départ, s’appuie sur le décalage entre, d’un côté, la responsabilité d’être parent et la totale absence de formation et de contrôle des compétences nécessaires, de l’autre. « Dans ce cas-là, pourquoi ne pas supprimer le permis de conduire en postulant que l’on n’a pas besoin de cours pour apprendre à conduire, comme si c’était inné ? », argumente-t-elle.

jeudi 14 avril 2011

Génération susceptibilité ?


J’assistais à une conférence sur la génération Y hier soir en simple observateur : pour une fois, ce n’était pas moi qui parlais !!! Le consultant (autoproclamé spécialiste des jeunes mais aussi d’une dizaine d’autres thèmes !) a fait un discours classique sur le sujet. Il était caricatural mais, à sa décharge, en 45 minutes sur un sujet aussi vaste, il est difficile de ne point l’être.

L’intérêt de la conférence était ailleurs : quatre jeunes de la génération Y étaient appelés à réagir par la suite. Apparemment, ils avaient mal pris le fait que le consultant ne souligne que les mauvais côtés de leur génération. Etre qualifiés d’enfants-roi, de narcissiques, etc., n’était pas de leur goût. Par la virulence de leurs réactions et leur bagout, ces jeunes faisaient au moins la démonstration de leur caractère décomplexé et de leur aisance sociale.

« Peut-être que nous sommes une génération susceptibles ! » lança une jeune fille de façon ironique face au consultant qui tentait de répondre aux critiques. Sans le savoir, elle n’avait sans doute pas tout à fait tort. Certes, les propos du consultant était grossis et majoritairement péjoratifs, mais la vigueur de la réaction de ses quatre jeunes actifs montrait aussi comme ils avaient été blessés en plein cœur par cet exposé. Pour cette génération, l’image de soi est primordiale. Attention à ne pas les vexer ! ;-)