mardi 27 novembre 2012

Faut-il boycotter la "journée nationale des jeunes" ?


Vendredi 30 décembre aura lieu en France la seconde « journée nationale des jeunes » sous le patronage du conseil économique, social et environnemental. Une journée à ne pas confondre avec les journées mondiales de la jeunesse qui sont non seulement internationales pour leur part (comme leur nom l’indique), mais aussi et surtout organisées par l’Eglise catholique.

Encore une journée à thème ? allez-vous soupirer. Eh oui ! Après les femmes, les aveugles, les toilettes et le cancer, les jeunes ont droit eux aussi à une journée à eux ! Chouette ! Mais était-ce bien nécessaire ?

Il y a tout d’abord un côté humiliant à bénéficier d’une « Journée ». Cela signifie qu’on est du côté des loosers. Parce qu’une Journée sert à mettre en visibilité et à parler une fois par an de ce dont on ne parle jamais habituellement. Il ne viendrait par exemple à l’esprit de personne de créer la Journée du football car le foot est présent sept jours sur sept dans les médias.

Ensuite, pourquoi une seule journée pour les jeunes ? Est-ce à dire que les 364 autres jours de l’année sont des journées pour les « vieux » ? Organiser une telle journée revient à dire le peu de cas que l’on accorde à un sujet.

Par ailleurs, il est cocasse que cette Journée soit patronnée par le conseil économique, social et environnemental quand on sait qu’il comprend essentiellement des seniors en son sein. Est-ce une façon de redorer son image et de se donner bonne conscience à moindre frais ? D’ailleurs, dans le colloque « oser ensemble » que cette institution accueille le jour J, les jeunes sont traités comme un sujet parmi d’autres, au milieu de considérations sur les minorités visibles et le handicap. C’est un colloque 3 en 1 !

Enfin, ce type de journée est traditionnellement monté pour pointer du doigt un fléau (le racisme par exemple), un problème (la journée sans voiture ou sans télé montrent que ces objets sont devenus des addictions) ou bien encore un mal à guérir (le cancer de la prostate, la leucémie…). Faut-il alors considérer la jeunesse comme une maladie? Certains ne sont pas loin de le penser. Laurence Parisot, la patronne du Medef, estimait au moment des manifestations contre le CPE que « la jeunesse est une maladie dont on guérit vite ». Les expressions populaire « Il faut bien que jeunesse se passe ! », « C’est le métier qui rentre ! » ou encore « Passe ton bac d’abord ! » vont d’ailleurs dans ce sens. Heureusement, la jeunesse n’est pas une maladie incurable puisque le vieillissement finit un jour ou l’autre par nous gagner !

Bref, les raisons de boycotter cette journée nationale des jeunes ne manquent pas. Toutefois, on peut aussi y voir un moindre mal. Mieux vaut une Journée qu’aucune. Dans un espace médiatique saturé, ce genre d’action permet de gagner en visibilité pour devenir les « rois d’un jour » selon l’expression de Patrick Modiano dans Villa triste. Autrement dit, on peut choisir de voir la bouteille à moitié pleine plutôt qu’à moitié vide et se féliciter des actions mises en place. Des entreprises ouvrent leurs portes, des rencontres sont organisées, des conférences sont proposées… C’est mieux que rien.